Il est bien connu que la science progresse au fil du temps, et la Police Scientifique en profite, fort heureusement. Mais quel est l'impact de la chimie et de la biologie dans les enquêtes scientifiques ?
Voici un résumé de la conférence de l'Inspecteur Général de la Police Nationale, également Directeur de l'INPS (Institut Nationale de Police Scientifique), Frédéric Dupuch, ayant pour titre "Chimie et Biologie en appui aux enquêtes scientifiques", dans le cadre du "Village de la Chimie et des Sciences de la Nature et de la Vie" qui se tenait à Vincennes, dans la région parisienne, ce 13 février 2016.
Le conférencier commence son intervention en indiquant que les vrais experts, ce sont ceux... de la série TV ou CSI Miami et autres dérivés de la série. En France, le pionnier se nomme Alphonse Bertillon (aucun rapport avec les glaces à mon humble avis) criminologue qui en 1879 inventa l'anthropométrie avec la première utilisation des empreintes digitales. Il résout de nombreux crimes mais butera sur l'affaire Dreyfus. Le premier laboratoire fut créé à Lyon le 24 janvier
1910 par le Docteur Edmond Locard qui écrivit "L'enquête criminelle et les méthodes scientifiques" en 1920 et déclara "Nul ne peut agira avec l'intensité que suppose l'action criminelle sans laisser des marques multiples de son passage." Cette pensée est l'essence du Principe de Locard, ou The Locard Exchange, concept qui demeure à ce jour encore une base dans toutes les enquêtes scientifiques. Le siège de l'INPS est à Lyon dans l'empreinte historique de ce premier laboratoire.
L'INPS comprends 5 laboratoires ouverts 7/7 jours (Lyon, Lille, Paris, Marseille et Toulouse) et 750 agents dont 314 scientifiques et parmi ces 314 employés, 180 ingénieurs et 87 docteurs. Ils interviennent également dans des procès pour démontrer les faits scientifiques des enquêtes. Leur mission est d'effecteur en laboratoire les analyses scientifiques et techniques demandées dans un cadre pénal par des enquêteurs ou magistrats (déplacement sur le terrain pour les experts en balistiques et en incendies-explosions). C'est aussi un acteur international dans la Recherche et le Développement et dans le partage des connaissances en criminalistique.
Organisation de la Police Technique et Scientifique
Les domaines d'interventions sont très larges, avec les traces sur les billets de banques qui s’imprègnent de drogue et de traceurs chimiques, la racine des cheveux qui demeure une grande source d'information (ADN, éléments biologiques, alimentation, etc.), les mouches pour la datation de la mort (lire les premiers livres de B. Werber), l'utilisation de l'écriture manuscrite qui chute au détriment du boom de l'ADN.
Et la chimie ?
- La biologie génétique comprends l'ADN mitochondrial, les traces biologiques (sang, sperme, salive), la génotypage, et les caractéristiques morphologiques.
- Les empreintes papillaires.
- La toxicologie : sécurité routière, la soumission chimique, les analyses médico-légales.
- Les stupéfiants : identification, dosage et profilage, recherche de traces sur supports.
- Incendies et explosions : prélèvements, substances accélératrices, engins explosifs.
- Physico-chimie : résidus de tir, verres, peintures, adhésifs, encre, fibres, entomologie...
Par exemple, il peut y avoir plusieurs domaines d'analyse sur un même scellé : balistique, biologie-génétique, technologies numériques, physico-chimie, incendies-explosions, stupéfiants, toxicologie et traces papillaires-documents.
Les progrès de la PTS sont exponentielles, et leurs services également :
Des fois, l'INPS intervient dans des cas hors de ses missions. Un exemple avec cette étude d'un corps de la Seconde Guerre Mondiale dont la mère américaine qui avait reçu qu'un porte-feuille "rescapé du corps" de son fils retrouvé dans un tank, avait toujours eu des doutes sur son identification. La mère depuis, a trépassé mais le petit-fils ou le fils, avait juré à sa mère qu'il ferait tout pour retrouver son fils. Avec l'aide de l'Allemagne, l'INPS a examiné des corps et a pu extraire de la pulpe d'une dent et analyser l'ADN afin de retrouver les ascendants. Puis, le corps fut expatrié aux Etats-Unis d'Amérique dans la famille de la mère. Cette enquête eu un coût très faible et le résultat n'a pas de prix.