mercredi 3 mai 2023

"Tropiques Toxiques" Le Scandale du Chlordécone...


 

Sacrée ambition de Jessica Oublié, Nicola Gobbi, Kathrine Avraam et de Vincianne Lebrun d'avoir réalisé une bande dessinée expliquant le cas, non moins célèbre, du chlordécone (famille des organochlorés). Les nombreux témoignages, articles de presse, dialogues, nous plongent dans une enquête passionnante, dépassant la fiction, car, malheureusement, cette bande dessinée ne représente uniquement la réalité de la population française basée dans les Antilles, mais considérée comme des citoyens de seconde zone (officieusement).

Comment expliquer que les pouvoirs de l'Etat français, à l'époque ont autorisé le chlordécone en 1971?

Puis un pesticide (en épandage/chemtrails), le Kepone (famille des organochlorés) aux Antilles en 1972 ?

L'autorisation sur le marché du chlordécone est rejeté en 1968 par le Ministère de l'Agriculture française (le ComTox), puis le kepone en 1969, mais le chlordécone est autorisé en 1971 : le ComTox le change de catégorie  de "toxique" à "dangereux" par un jeu de lobby (tiens, l' Union Européenne n 'est pas la seule gangrenée par ce virus). Le kepone est définitivement interdit  en Virginia (EUA) en 1976, mais les dégâts sont déjà présents : contamination des eaux usées en 1974, empoisonnement de certains ouvriers de Life Science Products en 1975, pêche interdite dans le secteur en 1975 (puis autorisée en 1988 soit après 13ans), etc... 

Le problème aux EUA a été réglé en 4 ans suite aux premières alertes de 1976. 

En France ? En 24 ans! 

Alors qu'en 1979,  le Centre International de Recherche sur le Cancer considère le chlordécone  comme "cancérigène possible pour l'homme". Pourquoi avoir attendu si longtemps ? L'Etat ne devait pas mettre en avant la "santé publique" de ses citoyens ? c'est-à-dire de ses 800 000 antillais ?

En 1981, le curlone (encore un organochloré) est autorisé en France puis homologué en 1986, c'est juste une autre appellation du chlordécone, merci aux Ets Laurent de Laguarique de Martinique pour cette demande d'autorisation... Pourquoi la France ne s'est pas basée sur les avancés scientifiques des EUA ? par souci commercial... ou par objectif de dépopulation de la population antillaise ?

En 1989, le ComTox interdit le curlone mais autorise l'écoulement de ses stocks sur deux ans (oui, vous avez bien lu). Le ComTox rappelle qu'il y a d'autres alternatives pour "la lutte contre les charançons du bananier" (petit insecte qui s'attaque aux plantations). Alors, pourquoi persévérer en écoulant les stocks toxiques ?

1990 : les Ets Laguarigue passe une commande de 1 560 tonnes de curlone pour 4 campagnes d'épandage (no comment).

1992 : après les 2 ans, le ministre de  l'Agriculture Louis Mermaz  prolonge l'utilisation du curlone d'un an.

1993 : Jean-Pierre Soisson , le successeur de L. Mermaz, prolonge également le curlone avec une dérogation. La même année, le piège à charançon est commercialisé. l'UNESCO révèle des traces de chlordécone dans l'eau et les sédiments de l'estuaire du Grand Carbet en Guadeloupe. L'eau mise en bouteille par Capès-Dolé sera également pollué en 2000, l'entreprise ferme ses portes.

Le Cameroun a interdit le chlordécone en 1995.

2004 : A partir d'1 microgramme/kg de chlordécone dans le sang, un homme voit son risque de cancer de la prostate doublé (étude du CHU de la Guadeloupe et de l'IRSET). Il y a également des conséquences sur les expositions prénatales et postnatales.

2018 : des agents de l'ARS Martinique en charge du dossier Chlordécone écrivent à la ministre de la Santé et dénoncent subir des pressions pour "limiter l'information du public au strict minimum".

Pourquoi sacrifier sa propre population au profit de certains lobbies, au risque de détruire les futures générations ? N'oublions pas que la France de Macron 1er n'a pas encore levé l'interdiction des pesticides en France,  comme Bruxelles (le round up de Monsatan et autre).


 
80% des antillais ont des traces dans le sang de ce pesticide. Sans compter les sols contaminés, les légumes poussant sous terre également, et bien sûr, les conséquences sur la population humaine (cancers, fausses couches, etc.).  Il y a bien sûr des solutions, qui sont expliquées dans ce livre.
 

Ce témoignage littéraire regorge tellement d'un grand nombre d'information que ce post ne saurait même pas vous en informer du dixième du travail de ses auteurs.

Vous trouverez ce livre aux Editions "Les Escales - Steinkis" -Collection "Témoins du monde".

Titre : "Tropiques Toxiques - le scandale du chlordécone"

Auteurs : Jessica Oublié, Nicola Gobbi, Kathrine Avraam et Vinciane Lebrun

Année : 2020


ps : merci à M.K. de m'avoir offert ce livre d'enquête/témoignages.